Introduction sur les escaliers

Article extrait de la revue Tiez Breiz n°35-2016 par Georges Lemoine.

Un escalier est un ouvrage constitué d’une suite de marches horizontales (aussi appelées degrés) dont le but est de passer à pied d’un niveau à un autre.
Au Moyen Âge, les escaliers étaient le plus souvent construits en pierre et placés à l’extérieur de la maison et parfois couverts. Dans la plupart des châteaux, ces derniers étaient placés dans une tour accolée au cœur du bâtiment.
Sauf en extérieur, les escaliers droits sont rares jusqu’à la Renaissance, auparavant ils sont pratiquement toujours en vis. D’ailleurs les escaliers droits, rampe sur rampe, construits à partir du xvie sont appelés escaliers à l’italienne.

Traditionnellement, dans le bâti rural et modeste on retrouve des escaliers plutôt simples, souvent juste une échelle de meunier, leur fonction étant en général uniquement pratique.  Avec la richesse du bâti et de ses occupants, une volonté d’apparat se greffe à la simple fonction pratique, l’escalier en vis dans une tour plus ou moins apparente à l’extérieur signale l’ascension sociale du propriétaire. Le désir de paraître peut parfois être poussé jusqu’à son paroxysme comme l’escalier à double révolution du château de Chambord, inspiré des travaux de Léonard de Vinci qui constitue une œuvre d’art unique sur le plan architectural et sur le plan technique.

On distingue les escaliers « en œuvre » entièrement inclus dans le volume de la maison, « hors-œuvre » quand ils sont dans une tourelle ou une aile accolée à la maison et « demi hors-œuvre » quand ils sont en partie inclus dans le volume de la maison.
Tous ces escaliers qu’ils soient simples ou complexes, répondent, avec plus ou moins d’exactitude en fonction des contraintes, à des règles précises qui en garantissent le confort. Il existe, en effet, un art du tracé et de la mise en œuvre qui doivent être respectés car sous l’apparente banalité d’un escalier se cache un savoir-faire ancestral.

 

Dimensions et tracés

La largeur et la hauteur d’un escalier
On va retrouver des escaliers d’environ 40 cm de large à plus de 2,50 mètres selon leur usage et leur fonction : de la simple échelle de meunier pour monter dans un grenier à l’escalier d’apparat d’un palais. En règle générale, un escalier est confortable avec au moins 70 cm de large à condition d’être ouvert sur un côté, entre deux murs ou pour un colimaçon il faudra un minimum de 90 cm. La largeur de l’escalier va permettre la définition d’une ligne de foulée utile pour les calculs de l’escalier.

La hauteur de la marche au plafond, l’échappement ou échappée, aussi appelée « coup de tête » doit permettre le passage aisé d’une personne. Par convention, on prend en général 2 mètres minimum.

 

La hauteur des marches, le giron et la règle de Blondel
Dans les règles de l’art, la largeur des marches, appelée giron, et leur hauteur répondent à des règles de proportionnalité connues depuis des siècles afin de garantir un confort d’usage.

En 1675, l’architecte François Blondel, dans son cours d’architecture enseigné à l’Académie royale d’architecture, écrit dans le chapitre consacré aux escaliers que la hauteur compte double dans la foulée. Il en déduit la loi suivante qui portera son nom, formule de Blondel : 2 hauteurs + 1 giron = longueur d’un pas soit 64 cm environ. Cette règle permet une montée ou une descente confortable car constante. Par ailleurs, la hauteur d’une marche idéale se situe entre 16 et 17 cm, avec un giron respectivement de 32 ou 30 cm.
Jean-Baptiste Rondelet (1743-1829) propose, dans son traité publié au début du xixe siècle, la formule suivante : 0,60 m < 2 h + g < 0,66 m permettant plus d’ajustements.

Au Moyen Âge dans les escaliers en vis, la nécessité de placer les paliers face à l’accès aux étages amenait à avoir des hauteurs de marche différentes à chaque étage.
Lorsque l’on s’éloigne trop de la longueur d’un pas, un escalier est difficile à pratiquer.  Il sera trop raide pour les valeurs supérieures à 66 cm. Pour les valeurs inférieures à 60 cm, on a vite un effet de rampe et une fatigue accrue due à la largeur de la marche qui oblige soit à allonger le pas, soit à changer de pied.

Dans les escaliers les plus communs dans le bâti ancien, on retrouve en général une foulée proche de 60 cm et une hauteur de marche de 18 à 20 cm, cela rend l’escalier légèrement raide mais peu encombrant, car de la longueur de la marche dépend la longueur de l’emmarchement.

Pathologies et désordres courants dans les escaliers

Pathologies structurelles

  • usure de la ligne de foulée (surtout dans les quartiers tournants : la ligne de foulée est la plus facile à emprunter dans les quartiers tournants d’où une usure prématurée sur ces marches).
  • tassements différentiels provoquant des ruptures de marches aux encastrements dans les murs.


Pathologies humides

  • pourrissement / desquamation / altération des premières marches essentiellement par remontées capillaires.