Le drainage

Cette fiche est basée sur un article d’Hervé Even.

Cette fiche technique n’est pas exhaustive, elle donne certains principes généraux. Elle n’a pas vocation à remplacer l’analyse contextuelle qui doit être au cœur de tous les choix techniques. Si vous souhaitez approfondir le sujet, l’association organise des formations sur ce sujet qui permettent d’aller plus loin sur les détails techniques lors de la réalisation d’un drain.

 

Trois règles essentielles :

  • il faut toujours veiller à ne pas déchausser le mur,
  • un drain ne doit en aucun cas pouvoir se transformer en ... réseau d'irrigation!...
  • un drain doit toujours être ventilé.

 

Le matériau idéal mais difficile à trouver pour le drain proprement-dit est la terre cuite, capable d'absorber sur 360°; le drain d’épandage ou le drain routier, en PVC, est un bon compromis si bien mis en œuvre. Quant au drain agricole, souple et annelé, il est déconseillé car déformable, et susceptible d'accueillir des "caillots". On peut concevoir aussi un fond de tranchée constitué d'une forme en béton de chaux hydraulique naturelle, à condition de bien maîtriser la rectitude et la pente ; mais ce système peut être plus difficile à ventiler.

Quand drainer ?

Avant d’envisager un drainage il faut bien analyser l’origine des excès d’eau : vérifier l’évacuation des eaux de pluies qui doit se faire loin du bâtiment, vérifier ou s’écoulent les eaux de ruissellement qui doivent éviter la maison (fossés, talus, …). Si les interventions sur ces facteurs ne permettent pas de résorber suffisamment les problèmes d’humidité, alors il faudra envisager un drainage.

Le drainage peut participer à abaisser les remontées d'humidité dans le bâtiment. Toutefois, il a ses limites : "Il ne peut être envisagé que s’il est possible d'évacuer d'une manière efficace les eaux collectées". Dans le cas contraire, il pourrait occasionner une accumulation d'eau sur les murs périphériques, ce qui serait pire que l'absence de drainage. De plus, ce drainage peut provoquer des tassements du sol qui, s'ils sont différentiels, occasionneront des fissurations.

Il est souvent souhaitable de drainer lorsque sur certains murs, le sol intérieur est en contre-bas du sol extérieur. On peut également être amené à drainer une cour, lorsque les eaux de pluie ne peuvent être évacuées rapidement. Toutefois, il est préférable de prévoir des formes de terrains permettant de guider les eaux de pluie loin de la maison, chaque fois que cela est possible.

Où disposer le drain ?

Pour être pleinement efficace, le drain doit être mis en œuvre en respectant certaines règles :

  • il doit être placé suffisamment près du mur à drainer, sans compromettre la solidité de celui-ci;
  • il doit également se trouver plus bas que le point humide de la construction ; donc généralement plus bas que les fondations, dans les maisons anciennes;
  • un angle de 8 à 12° maximum doit être ménagé entre le dessous de la fondation, et le "fil d'eau" du drain (c'est-à-dire la génératrice inférieure à l'intérieur du drain), afin de ne pas mettre en péril la stabilité du mur.

→ approximativement 8° en sol sableux,
→ approximativement 12° en sol argileux. (DTU 20-1)

Il doit enfin avoir une pente suffisante vers l'exutoire, entre 3 et 10 mm/m (trop faible, elle laisse les particules fines se déposer dans le drain ; trop forte, elle favorise l'érosion du sol environnant).

Exemple de positionnement : voir schéma ci-contre, cliquez dessus pour l'agrandir

 

drainage, bâti ancien, restauration patrimoine, Bretagne

Comment le drain est-il fait ?

La tranchée drainante : 

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Schéma d'une tranchée drainante, drainage, bâti ancien, fiches techniques

Comment le drain est-il fait ?

La canalisation drainante :

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canalisation drainante, drainage d'une maison ancienne, restauration du patrimoine, Bretagne

Points de vigilance

Dans les deux cas, le drain doit avoir une section minimum de 10 cm de diamètre. Proscrire le drain souple agricole, car il est impossible d'en assurer la pente continue et parfaite.
Le géotextile doit envelopper la totalité des matériaux et non le drain uniquement. Ces deux mesures ont pour but de filtrer les particules fines qui obstrueraient le drain à la longue.

Il est indispensable que le drain soit ventilé, afin d'assurer au maximum l'assèchement du terrain et d'éviter le développement de moisissures ou autre végétation qui participeraient à son obstruction. La ventilation est généralement assurée en point bas par la jonction au collecteur, par contre, il faut prévoir une cheminée en point haut.

Le drain ne doit pas être relié au réseau d'eau pluviale, car, par forte pluie, l'eau remonterait dans les drains, le transformant en réseau d'irrigation (une heure d'orage suffit à faire remonter l'eau, qui mettra plusieurs mois à se résorber). De même, son but est d'abaisser le taux d'humidité, et il faut éviter qu'il serve de collecteur pluvial. Prévoir un système indépendant permettant de récupérer les eaux de pluies.

Lorsque le sol est pulvérulent (peu de cohésion entre les éléments qui le constituent), on a intérêt à s'orienter vers la deuxième solution (canalisation). S'il n'est pas possible de reculer le drain du pied du mur (limite de propriété), celui-ci ne doit en aucun cas descendre sous le niveau de la fondation.

Lorsque ce sera possible, on aura recours à la tranchée drainante mais dans ce cas il faudra être très vigilant lors des fouilles pour ne pas déchausser la maison.